vineri, 24 iulie 2009

Alocutiunea Eminentei Sale, Mitropolitul Ioan de Pergam, Chambesy, 8 iunie 2009


ALLOCUTION DE SON ÉMINENCE LE MÉTROPOLITE JEAN DE PERGAME PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE PRONONCÉE À LA SÉANCE D’OUVERTURE DES TRAVAUX.LE 8 JUIN 2009.
Ἐπιστροφή
Vénérables et bien-aimés pères et frères, membres de la présente Conférence,Sur inspiration divine et par décision unanime des vénérables Primats des très saintes Eglises orthodoxes, et à l’invitation de Sa Sainteté le patriarche œcuménique Bartholomaios qui, conformément à l’ordre canonique, exprime cette décision unanime, nous sommes réunis ici, en qualité de délégués mandatés par nos Eglises orthodoxes locales, pour constituer la IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire s’inscrivant dans la procédure de préparation du saint et grand Concile de l’Eglise orthodoxe.De la part de Sa Sainteté le patriarche œcuménique, nous saluons votre présence dans cette maison du très saint Trône œcuménique, en qualité d’hôtes de l’Eglise Mère de Constantinople, et vous souhaitons un bon séjour et une collaboration fructueuse pour le bien de notre très sainte Eglise orthodoxe.Par la bienveillance et la grâce du Dieu Trinitaire, notre réunion a lieu alors que « nous célébrons la fête de la Pentecôte, la venue de l’Esprit », pour signifier que le mandat donné par notre sainte Eglise orthodoxe est sacré qu’il constitue un commandement du Paraclet Lui-même. Dès lors, ayant concélébré hier, fête de la Pentecôte, en cette même église, ayant aussi participé à la divine liturgie célébrée aujourd’hui pour adorer le Saint-Esprit, nous invoquons déjà la grâce du Paraclet de veiller sur notre Conférence, guider nos réflexions et nos coeurs vers des décisions conformes à la sainte volonté du Dieu Trinitaire pour l’unité et l’édification de Sa sainte Eglise.De fait, frères bien-aimés dans le Seigneur, au cours de notre présente réunion, nous sommes appelés, malgré notre humble condition, à devenir des instruments du Paraclet ; de même, en obéissant à Celui qui « maintient tout l’édifice de l’Eglise », à contribuer, à notre tour, à affermir et approfondir davantage l’unité de l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique à laquelle la miséricorde de Dieu nous a jugés dignes d’appartenir. Bien que cette unité soit donnée par la grâce de Dieu, nous devons toujours nous en préoccuper et la cultiver, puisque notre adversaire, le diable , ne cesse de semer la zizanie, menaçant celle-ci, tantôt sans succès, tantôt très sérieusement et dangereusement. La responsabilité qui nous incombe, surtout à ceux à qui le ministère épiscopal a été confié, ne cesse d’être la protection de cette unité et sa confirmation par tous les moyens. Cela s’avère particulièrement nécessaire pour nous les orthodoxes, étant donné que, en raison de la structure de notre Eglise, composée d’Eglises autocéphales, nous sommes souvent considérés comme une somme d’Eglises plutôt que comme une Eglise. Certes, il est vrai que l’ecclésiologie orthodoxe conçoit l’unité de l’Eglise comme une unité d’Eglises autocéphales. En aucun cas, cette interprétation ne doit toutefois suggérer l’idée que nous constituons des « Eglises » et non une « Eglise ». Il n’y a qu’une seule et unique Eglise orthodoxe et cela se manifeste aussi bien dans sa foi et son culte communs que dans sa structure canonique. Comme le Patriarche œcuménique Bartholomaios l’a souligné dans son allocution aux Primats des Eglises orthodoxes, au cours du Sommet qu’ils ont tenu en octobre dernier au Phanar, il ne faut pas que l’autocéphalie dégénère en « autocéphalisme ». Il importe que, dans leurs relations mutuelles et extérieures, les Eglises autocéphales agissent comme un corps, comme une seule et unique Eglise.C’est justement dans cet esprit que toutes les Eglises orthodoxes ont décidé, opérant unanimement comme une Eglise indivise, de célébrer le saint et grand Concile de l’Eglise orthodoxe. Car, conformément à la tradition séculaire de l’Eglise, qui remonte aux premières communautés apostoliques, comme les Actes des Apôtres en témoignent, le système conciliaire constitue la façon la plus authentique de confirmer, garantir et proclamer l’unité de l’Eglise. A cet égard aussi, notre sainte Eglise orthodoxe ne saurait agir qu’en conformité à la tradition et à l’ecclésiologie qui dicte cette tradition.Cependant, la réunion de ce Concile tarde déjà tellement, au point de provoquer scandale chez ceux qui partagent notre foi et parfois moquerie chez ceux du dehors qui se demandent si vraiment l’Eglise orthodoxe est unie et si elle peut réellement réunir le Concile annoncé. La responsabilité de nos Eglises est en l’occurrence énorme. Il ne suffit pas de dire que nous sommes unis dans la foi et le culte. Nous devons prouver dans les actes que nous sommes une Eglise indivise, capable de se réunir en Concile. Nous ne pouvons plus différer la réunion du saint et grand Concile de l’Eglise orthodoxe, annoncé depuis longtemps, sans que cela ne porte de coup fatal à l’autorité et à la crédibilité de notre Eglise.Conscient de cette responsabilité, le Patriarche œcuménique a proposé aux autres Primats des Eglises orthodoxes, lors du Sommet tenu au Phanar en octobre dernier, d’accélérer la procédure de préparation du saint et grand Concile. De réunir donc, en cours d’année, les Commissions et les Conférences chargées d’examiner les questions restantes dans la liste des thèmes approuvée à l’échelon panorthodoxe et sur lesquelles le futur saint et grand Concile aura à se prononcer. C’est à l’unanimité et avec plaisir que tous les Primats des Eglises orthodoxes ont accepté cette proposition du Patriarche œcuménique qui, ensuite, conformément au Règlement régissant la préparation du Concile et à la discipline canonique de l’Eglise orthodoxe, a convoqué, par Lettres patriarcales, les corps constitués chargés de préparer le Concile.Or, concernant le thème de la Diaspora orthodoxe, dont la préparation avait déjà mûri, la présente IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire est réunie. Concernant, les trois autres thèmes, c’est-à-dire, l’Autocéphalie et son mode de proclamation, l’Autonomie et son mode de proclamation, et les Diptyques, dont la préparation n’est pas encore achevée, la Commission interorthodoxe préparatoire a été convoquée pour décembre prochain par Lettres patriarcales.Nous sommes donc appelés, frères bien-aimés dans le Seigneur, en notre qualité de délégués mandatés par nos Eglises, de nous consulter ici et de décider, ad referendum au futur saint et grand Concile, sur la question qui a déjà fait l’objet d’une longue préparation et d’un examen approfondi par les Commissions interorthodoxes préparatoires qui ont unanimement abouti aux documents de consensus interorthodoxe soumis à notre approbation, comme le Règlement le prévoit. Nous n’allons pas, par conséquent, recommencer à débattre de la question de la Diaspora, annulant ainsi le consensus interorthodoxe déjà obtenu. Il importe de centrer nos remarques sur les documents acceptés à l’échelon interorthodoxe qui se trouvent devant nous, en apportant éventuellement quelques changements et, si Dieu le veut, en approuvant finalement ceux-ci, ad referendum, répétons-le, au saint et grand Concile.Nous savons tous, chers frères, que la question de ce qu’il est d’usage d’appeler Diaspora orthodoxe constitue un des problèmes les plus graves auxquels l’Eglise orthodoxe est confrontée à notre époque. Lors de leur récent Sommet au Phanar, les Primats de nos Eglises ont reconnu la gravité, mais aussi l’urgence de ce problème, comme cela ressort clairement du Message qu’ils ont diffusé à l’issue de leur réunion. Dans ce Message, les Primats soulignent, entre autres, les points suivants :« Les Primats et les Représentants des très saintes Églises orthodoxes (...) réaffirmons notre volonté de remédier rapidement à toute irrégularité canonique due à des circonstances historiques et à des besoins pastoraux, comme ceux dans ce qu’il est d’usage d’appeler la diaspora orthodoxe, afin de surmonter toute influence étrangère à l’ecclésiologie orthodoxe. À cet égard, nous nous félicitons de la proposition du Patriarcat œcuménique de convoquer en 2009 des conférences panorthodoxes sur ce sujet et sur la poursuite de la procédure préparatoire au saint et grand concile (...) »Des paroles tenues par les vénérables Primats, il importe d’attirer notre attention sur deux points :a)La façon de remédier à la situation, c’est-à-dire de régler la question de la Diaspora orthodoxe, doit être « rapide ». C’est précisément pour cette raison qu’exprimant la volonté des Primats, Sa Sainteté le Patriarche œcuménique a donné priorité à cette question ; étant donné par ailleurs que, contrairement aux autres questions restantes du Concile, celle-ci a été examinée à toutes les étapes de la procédure de préparation prévues par le Règlement et qu’elle est prête à être approuvée par la Conférence panorthodoxe préconciliaire.b)Les Primats de nos Eglises reconnaissent qu’il est nécessaire de remédier « à toute irrégularité canonique due à des circonstances historiques et à des besoins pastoraux, comme ceux dans ce qu’il est d’usage d’appeler la diaspora orthodoxe, afin de surmonter toute influence étrangère à l’ecclésiologie orthodoxe ». Pour nous acquitter de l’obligation qui nous incombe, nous devons prendre sérieusement en considération ces paroles significatives des Primats.On pourrait difficilement contester le fait qu’aujourd’hui le mode d’organisation de la Diaspora orthodoxe souffre sérieusement du point de vue canonique et ecclésiologique. Comme nous le savons tous, le 8ème canon du Ier concile œcuménique stipule expressément qu’il ne saurait y avoir plus d’un évêque dans une seule et même ville. Ce canon est fondamental, car il exprime clairement l’ecclésiologie orthodoxe. Conformément à ce principe ecclésiologique fondamental, avéré dès l’époque de saint Ignace d’Antioche et absolument respecté par l’antique Eglise indivise, l’évêque unit toute l’Eglise locale en sa personne, comme chef de celle-ci, sans discriminations physiques, raciales, nationales, sociales et autres. En la personne de l’évêque, toutes ces différences sont transcendées, à l’instar précisément du Christ, Que l’évêque figure, en Qui « il n’y a plus Grec et Juif, circoncis et incirconcis, barbare, Scythe, esclave, homme libre » . Dans l’Eglise antique il serait absolument impensable que dans une même ville, il y ait un évêque pour les Grecs et un autre pour les Syriens ou les Latins, ou encore toute autre identité culturelle ou ethnique.L’Eglise orthodoxe a pieusement respecté ce principe jusqu’au début du XXe siècle environ, où peu à peu font leur apparition, non sans hésitation au début, les juridictions parallèles dans la Diaspora. Il s’agit par conséquent d’un phénomène historique, relativement récent, de violation d’un principe ecclésiologique fondamental manifesté par le canon susmentionné du Ier concile œcuménique.Au moment où ce phénomène a fait son apparition, le Patriarcat œcuménique a réagi en mettant en relief le 28ème canon du IVe concile œcuménique qui stipule que dans les diocèses « occupés par les barbares », c’est-à-dire situés en dehors des limites géographiques de toute Eglise autocéphale, les évêques seront sacrés par le primat de Constantinople. Certains Orthodoxes ont cependant contesté cette interprétation du canon, ce qui a eu pour résultat son non-respect de la part de certains d’entre eux. Ce n’est pas le moment de débattre de cette question et notre Conférence ne saurait s’en occuper, d’autant plus que la situation déjà formée a posé l’ensemble de la problématique sur une autre base. Le Patriarcat œcuménique, sans renoncer à son interprétation dudit saint canon et soucieux de préserver l’unité de l’Eglise orthodoxe qu’il considère comme bien suprême, a accepté la présence dans le domaine de la Diaspora d’évêques d’autres juridictions ecclésiastiques orthodoxes, jusqu’à trouver le moyen de régler les choses conformément à l’ordre canonique exprimé par le 8ème canon du Ier concile œcuménique, et les principes ecclésiologiques fondamentaux préconisés par la foi et la tradition orthodoxes.Et voilà que nous sommes devant ce point crucial. Sommes-nous prêts, les Eglises orthodoxes, à revenir à la discipline canonique antique qui prévoit un évêque dans chaque Eglise locale ? Les Commissions interorthodoxes préparatoires, qui ont examiné la question et élaboré les documents soumis à notre approbation, ont jugé que les Eglises orthodoxes ne sont pas prêtes, pour l’instant, à revenir à la discipline canonique rigoureuse pour diverses raisons. Elles proposent cependant d’atteindre progressivement cet ordre, en passant par une première étape durant laquelle fonctionneront des assemblées épiscopales, une par région, composées des évêques « canoniques » qui servent dans la région. Elle a confié à un comité ad hoc de canonistes orthodoxes le soin d’élaborer, dans les détails, le fonctionnement de ces assemblées ; comité qui a produit le document qui se trouve aussi devant nous.Voilà, dans les grandes lignes, le travail accompli par les Commissions préparatoires. Nos Eglises ont considéré que ce travail a complété l’étape préparatoire à la question de la Diaspora orthodoxe et que, conformément au Règlement, celle-ci pouvait être soumise à l’approbation de la présente Conférence panorthodoxe ad referendum au saint et grand Concile. De ce qui vient d’être exposé, nous pouvons tirer la conclusion qu’au sein de cette Conférence, nous sommes appelés à édifier notre consensus, sur deux principaux axes qui sont les suivants :Premièrement, l’Eglise orthodoxe réaffirme et proclame son attachement aux saints canons et à son ecclésiologie qui prévoient et prescrivent l’existence d’un seul évêque dans chaque Eglise locale.Deuxièmement, en raison de la circonstance historique ainsi formée et des besoins pastoraux qui lui sont associées, une étape transitoire avant ledit ordre canonique doit être le fonctionnement des assemblées épiscopales, tel que les documents élaborés par la Commission interorthodoxe préparatoire le prévoient.C’est aussi autour de ces deux principaux axes que pourrait être formulé, à l’issue du débat, le document final sur notre consensus qui sera soumis, avec l’aide de Dieu, au futur saint et grand Concile de l’Eglise orthodoxe une et unie.Très chers et respectés frères en Christ,La responsabilité qui nous incombe, à nous les participants à la présente Conférence, est vraiment immense. C’est une responsabilité vis-à-vis de Dieu, du peuple de Dieu et de l’histoire. La question qui se pose à nous est de savoir si la réunion du saint et grand Concile de l’Eglise orthodoxe sera accélérée ou si elle sera retardée encore plus. Cela dépendra de nos décisions. Que dirons-nous au peuple de Dieu qui attend anxieusement de connaître le résultat de notre Conférence ? Que nous n’avons réussi à obtenir le consensus ? Qui cependant aurait l’audace d’endosser une telle responsabilité ? Qui pourrait faire primer les intérêts étroits de sa propre Eglise sur l’intérêt général de l’orthodoxie tout entière, sa fidélité à la tradition canonique et à l’ecclésiologie ?La solution canonique à apporter au problème de la Diaspora orthodoxe est réellement une question complexe et ne peut revêtir immédiatement sa forme canonique. Il s’agit pourtant aussi d’une question urgente et si nous ne prenons pas de mesures immédiates orientées vers sa solution canonique, une situation présentant l’orthodoxie à jamais divisée sera consolidée. Déjà nombreux sont ceux qui sont scandalisés par la situation existante et qui nous en font continuellement grief. Nous ne pouvons plus rester dans l’inaction.Le moins que nous puissions faire c’est de proclamer notre fidélité aux principes de l’ecclésiologie et aux saints canons, sur lesquels est fondée notre Eglise, pour ne pas être accusés d’avoir failli à la foi de nos Pères. D’autre part, tout en avouant les difficultés existantes pour revenir immédiatement à la discipline canonique rigoureuse, de proposer des mesures pour y aller progressivement. De telles mesures précisément figurent dans les documents de la Commission préparatoire soumis à notre approbation et qui prévoient le mode de fonctionnement des assemblées épiscopales locales. Commençons donc les travaux de notre Conférence dans un esprit d’amour et de dialogue sincère, et que le Paraclet, l’Esprit de vérité, soit notre guide, pour que, moyennant le consensus, soit encore glorifié le nom Tout saint du Dieu Trinitaire.Amen.

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